Accès à la justice pour tous dans les prisons de Natitingou, Ouidah et Parakou : Pacôme Akogou de l’ACAT-Bénin lance le projet « Garantir l’accès des détenu·es en attente de jugement à la justice dans trois prisons du Bénin »

Le Président de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat-Bénin), Pacôme Akogou, a procédé ce jeudi 14 août 2025 à l’hôtel Sossa à Cotonou, au lancement officiel du projet « Garantir l’accès des détenu·es en attente de jugement à la justice dans trois prisons du Bénin ». Ce projet, financé par l’Union Européenne à travers le Consortium united against torture et soutenu par la Fiacat, vise à réduire la détention préventive abusive, prévenir les mauvais traitements et renforcer l’assistance juridique dans les maisons d’arrêt de Natitingou, Ouidah et Parakou. Il s’étend sur une période de douze mois, allant d’avril 2025 à mars 2026.
Le lancement du projet « Garantir l’accès des détenu·es en attente de jugement à la justice dans trois prisons du Bénin» intervient dans un contexte particulièrement préoccupant. Selon les chiffres officiels de septembre 2024, le taux d’occupation carcérale au Bénin dépasse les 290 %. Une surpopulation qui affecte gravement les conditions de détention et aggrave la vulnérabilité des personnes privées de liberté. Les maisons d’arrêt de Natitingou, Ouidah et Parakou ciblées par le projet concentrent un nombre élevé de détenus en attente de jugement, souvent sans accès à une assistance juridique ni à une information claire sur leurs droits.Face à cette réalité préoccupante, où l’attente de jugement devient souvent une peine déguisée, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat-Bénin) lève la voix pour exiger une réforme en profondeur du système pénitentiaire béninois.

Prenant la parole devant un parterre d’acteurs institutionnels, judiciaires et associatifs,le président de l’Acat-Bénin, Pacôme Akogou a salué la mobilisation des participants, qu’il a qualifiée de signe fort de reconnaissance envers une problématique trop souvent reléguée aux marges du débat public. « La manière dont une société traite ses détenus, en particulier ceux qui n’ont pas encore été jugés, demeure l’un des indicateurs les plus révélateurs de son degré de justice et d’humanité », a-t-il affirmé avec force.
Dans la continuité de son intervention, le président de l’Acat-Bénin a tenu à souligner les efforts du gouvernement béninois dans le secteur de la justice. « À cet égard, je voudrais saluer avec force les réformes courageuses engagées par le gouvernement béninois dans le secteur de la justice, notamment à travers le Ministère de la justice et de la législation, qui œuvre inlassablement pour la modernisation de notre système judiciaire, la lutte contre la surpopulation carcérale, ainsi que le renforcement de l’accès au droit et à la justice pour tous. Nous sommes particulièrement reconnaissants pour l’appui institutionnel dont bénéficie Acat-Bénin de la part du Ministère dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet », a-t-il ajouté.
Le projet lancé par l’Acat-Bénin s’inscrit dans une dynamique de transformation concrète. Il vise à renforcer l’assistance juridique pour les personnes en détention préventive, à réduire significativement la population carcérale dans les établissements ciblés, à prévenir les actes de torture et les mauvais traitements, et à améliorer la connaissance des droits, tant du côté des détenus que des acteurs pénitentiaires et judiciaires. Une attention particulière est également accordée aux femmes et aux mineurs, dont la vulnérabilité en milieu carcéral exige des réponses spécifiques.

Présent à la cérémonie, Joël Neubert, chef de coopération de l’Union Européenne au Bénin, a réaffirmé l’engagement de l’UE en faveur des droits humains. « Ce projet illustre notre volonté de soutenir une justice équitable, humaine et accessible. Il s’inscrit dans notre partenariat durable avec le Bénin, fondé sur les valeurs universelles de dignité et de liberté », a-t-il déclaré.

Cette initiative bénéficie du soutien actif de plusieurs institutions clés, parmi lesquelles le Ministère de la justice et de la législation, l’Agence pénitentiaire du Bénin, la Commission béninoise des droits de l’homme, la Direction des droits de l’homme, ainsi que l’ensemble des acteurs judiciaires (magistrats, greffiers, directeurs de prison et des organisations de la société civile), dont le travail de proximité et la veille citoyenne sont essentiels. Deux avocats référents, désignés par l’Union des jeunes avocats du Bénin, apportent leur expertise pour garantir le respect des garanties procédurales et des droits fondamentaux.


En clôturant son discours, Pacôme Akogou a rappelé avec conviction que « la justice n’est pas un luxe, ni un privilège. C’est un droit fondamental. Et il nous revient à tous, collectivement, de faire en sorte que ce droit ne reste pas théorique ». Il a appelé à une mobilisation continue pour que les instruments juridiques, convention contre la torture, règles Nelson Mandela, directives africaines sur la détention préventive, code béninois de procédure pénale prennent tout leur sens dans la réalité quotidienne des détenus.Porté avec espoir et détermination, ce projet incarne une volonté partagée : celle de bâtir une justice plus humaine, plus juste, et véritablement au service de tous.

A.J