Tribune libre/ L’urgence d’une nécessaire coordination contre l’épidémie de Mpox en Afrique : « Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre »

Répondre aux défis de la santé publique de portée internationale requiert coordination, harmonisation et surtout alignement avec les politiques et stratégies nationales car la riposte est de la responsabilité et de l’implication des pays, des gouvernements et surtout des populations concernées. Les institutions internationales, régionales ou inter-pays, les ONG internationales, nationales et fondations privées, le système des Nations-Unies et le secteur privé se doivent tous, et chacun selon son mandat, de soutenir les gouvernements.  

Face à l’épidémie de Monkey pox (Mpox) « la variole du singe ». L’Afrique a déjà notifié le plus grand nombre de cas de Mpox dans plus de quinze pays.  Il convient aussi de souligner que le nombre de cas ira en augmentant parce que le dépistage et la surveillance des cas sont mieux organisés. Dans ce contexte, les observateurs de la santé mondiale s’interrogent sur les décisions ou les stratégies parallèles initiées par les institutions sensées guider la riposte internationale, conseiller et soutenir l’effort des pays contre le Mpox. 

Le Mpox est un problème de santé publique international qui concerne aujourd’hui des milliers des personnes en Afrique, continent qui fait déjà face à des défis sanitaires multiples, dont plusieurs épidémies et qui souffre des conséquences du dérèglement climatique, des instabilités liées aux conflits de diverse nature, à l’aggravation des inégalités et à la pauvreté croissante.

Il est urgent qu’une coordination de tous les acteurs et partenaires impliqués dans la santé en Afrique se réalise pour une réelle valeur ajoutée afin de renforcer l’efficacité des interventions pour mieux prévenir, détecter et contrôler efficacement les défis de santé publique, actuels et à venir, en Afrique.Il convient, à titre d’exemple, de relever des faits qui ont retenu l’attention des experts de la santé en Afrique et qui vont à l’encontre d’une coordination internationale de la riposte face au Mpox : 

1. la déclaration de l’urgence de santé publique de portée internationale : L’Union africaine a donné mandat à l’Africa CDC de faire une telle déclaration alors que l’OMS, à travers le Règlement Sanitaire International (RSI) 2005 a l’autorité internationale et donc la légitimité de faire une telle déclaration, sachant que les États africains ont tous ratifié le RSI.  Le 12 août 2024, une première déclaration est faite par l’Africa-CDC et le 14 août ce fut le tour de l’OMS.

2. la notification des cas pour une information sanitaire fiable nécessaire afin d’engendrer une riposte adaptée et efficace à la situation de chaque pays : le nombre des cas rapportés de Mpox pour chaque pays, d’une part par le Bureau régional de l’OMS de l’Afrique et d’autre part par l’Africa CDC est parfois discordant. Cela semble lié à l’existence d’un système de collecte des données des pays non harmonisé et à la publication parallèle par les deux institutions. 

3. la publication quasi-simultanée des guides de préparation et de réponse à l’épidémie de Mpox par l’OMS au niveau mondial, et par ‘Africa CDC et le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique au niveau continental, trois guides qui ne faciliteront pas la tâche des acteurs sur le terrain, au niveau des pays. Répondre ensemble aux défis de santé en Afrique doit être un engagement collectif.

 Le Mpox est une menace qui impose des ripostes nationales et internationales coordonnées, accompagnées par un élan de solidarité agissante entre les acteurs, les partenaires, les nations et les peuples.

Faisons nôtre le dicton populaire qui dit : « Si tu veux aller vite, marche seul mais si tu veux aller loin, marchons ensemble »

Dr Pierre M’PELE, Professeur agrégé de santé publique, Défenseur de la santé publique africaine

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