Manssour Bin Mussallam, SG de l’Organisation de Coopération du Sud : « …il incombe à nos pays du sud (…) de travailler ensemble pour construire « une 3ème voie de développement afin de réaliser le développement dont l’humanité a besoin ».

Manssour Bin Mussallam, SG de l’Organisation de Coopération du Sud : « …il incombe à nos pays du sud (…) de travailler ensemble pour construire « une 3ème voie de développement afin de réaliser le développement dont l’humanité a besoin ».

Arrivé au Bénin dans le cadre du 35ème Colloque international sur les méthodes de la théorie des groupes en physique (ICGTMP, Groupe33/35), le Secrétaire général de l’Organisation de Coopération du Sud (OCS), M. Manssour Bin Mussallam a présenté son organisation et sa vision aux participants à la faveur d’un colloque spécial, le mercredi 17 juillet 2024. Au terme de son exposé, l’invité du Prof Norbert Mahouton Hounkonnou, nous a accordé un entretien au cœur de cet événement international qui a connu un grand succès.

EM : Que peut-on comprendre par ‘’troisième voie de développement’’ ?Manssour Bin Mussallam : Il ne serait pas juste de parler d’une dynamique collective qui s’inscrit dans une construction collective d’une voie alternative de développement parce que dans l’ère du changement climatique, nous savons que les modèles de développement dominants qui sont venus du nord sont fracassés. Aujourd’hui, il incombe à nos pays du sud qui sont à l’avant-garde de ce combat contre le changement climatique et de leurs aspirations à une prospérité durable et équitable de travailler ensemble pour construire « une troisième voie de développement ». Ce sera non seulement bénéfique pour nos pays mais aussi pour le monde entier. Je dis cela, surtout dans une dynamique qui est celle de dire nous parlons d’une troisième voie de développement et nous ne parlons pas d’un troisième modèle. Une voie de développement implique une diversité de modèles selon les contextes nationaux mais s’inscrit surtout sur un développement qui se base sur nos capacités endogènes, nos capacités nationales et la capacité de nos jeunes à construire cet avenir. C’est une voie qui doit être durable, équitable et ne pas se concentrer dans les mains de quelques-uns mais bien apporter et porter toutes les filles et tous les fils avec elle vers cet avenir.

EM : Les Pays du sud disposent-ils des moyens pour concrétiser ce vœu ?Manssour Bin Mussallam : Bien sûr que oui ! Si vous parlez d’intelligences, il y en a. Nous avons dans nos pays qui constituent la majorité du monde des intelligences. Nous avons aussi la jeunesse nécessaire. Nos sociétés, en général que ce soit en Amérique latine, en Asie et en Afrique sont des sociétés jeunes. Donc nous avons cette jeunesse et cette fougue aussi d’une certaine manière avec ses excès. J’en ai été coupable moi-même. Ce qui nous a manqué jusqu’à aujourd’hui, c’est vraiment d’avoir une plateforme commune qui permet de mutualiser, de mettre en commun nos ressources, nos forces pour atteindre nos objectifs, pour réaliser le développement que nous voulons que nos peuples méritent et dont l’humanité a besoin. Je pense que notre association incarne cette force qui nous manquait. Maintenant, il faut vraiment mobiliser, unir et continuer de manière décisive vers cette direction.Si nous parlons des ressources financières, c’est une autre histoire. Nous avons les richesses naturelles. Mais, ce qui nous reste, c’est d’avoir accès aux financements nécessaires pour relever nos grands défis. Nous avons aussi le défi de la dette qui crée ce cercle vicieux pour nous. Mais travaillons ensemble en tant qu’Etats souverains. Et en tant qu’organisations de la société civile de nos pays, nous pouvons bien établir une transformation de cette architecture financière internationale qui nous permettra l’allègement de la dette mais aussi de nouveaux financements solidaires. Et c’est pourquoi l’organisation de la coopération du sud à travers les ministres des finances de nos Etats membres a lancé l’union de levier commun de débiteurs qui constitue le premier club de pays souverains débiteur pour négocier.

EM : Dans votre exposé vous avez évoqué à plusieurs reprise ‘’Le grand Sud’‘ Qu’est-ce que c’est ?

Manssour Bin Mussallam : Nous désignons par grand sud, les pays qui ont été connus par le passé comme tiers monde. Un thème que nous avons collectivement abandonné au profit d’un nouveau qui était les pays développés et les pays en voie de développement. Mais aujourd’hui, surtout si vous écoutez les discours internationaux, on parle des pays du sud global pour parler des pays d’Amérique latine, des pays d’Afrique et d’Asie. Mais nous avons eu une réflexion à l’organisation de coopération du sud comme c’est une organisation intergouvernementale de ces trois continents pour dire que les mots ont un sens. Du coup, Sud global, c’est en fonction d’une zone géographique mais pourtant le Cuba est une zone qui est globalement dans le nord mais personne ne considère ce pays comme un pays du nord, l’Australie, la nouvelle Zélande… ce sont des pays géographiquement au Sud mais personne ne considère ces pays comme les pays du sud et donc le thème sud global cache un sens, une certaine idéologie. Nous avons donc adopté ce thème de grand sud se basant sur un thème que tout le monde connaît sud global mais avec le thème grand, nous cherchons à émanciper notre lecture d’une route de cet arbitraire géographique et de reconnaître qu’il y a des sud dans le nord et le nord dans le sud. Faire partie du grand sud, ce n’est pas uniquement une question de nationalité ou de géographie, c’est aussi souscrit à un mouvement très divers mais surtout c’est décidé à transformer notre monde. C’est le club d’insatisfaits.

EM : Rappelez-nous les pays membres de l’OCS ?

Manssour Bin Mussallam : Aujourd’hui nous sommes vingt-huit (28) États membres qui sont de l’Amérique latine et des Caraïbes, d’Afrique, du monde arabe et d’Asie pacifique. Mais nous sommes actuellement dans une démarche qui est celle d’élargir le nombre d’États membres géographiquement mais aussi en terme de nombre pour devenir le plus capable ou le plus fort pour réaliser nos aspirations. La majorité des États membres de l’organisation sont en Afrique et notre objectif est d’inviter et de recevoir dans cette famille, des nations puissantes à notre prochaine assemblée générale.

Propos recueillis par Assiba Juliette

Assiba MITONHOUN

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