Santé/ Le monde en alerte pandémie : L’Afrique fait face à une nouvelle épidémie due au virus monkey-pox (Mpox) de la variole du singe

Santé/ Le monde en alerte pandémie : L’Afrique fait face à une nouvelle épidémie due au virus monkey-pox (Mpox) de la variole du singe

Depuis le début de l’année 2023, les épidémies de mpox sont en augmentation en Afrique centrale, notamment en République Démocratique du Congo (RDC). Actuellement, plusieurs pays africains ont signalé des cas de mpox sur leurs territoires. Face à cette situation de plus en plus inquiétante, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré le 14 août 2024, une urgence de santé publique de portée internationale et a appelé les pays à prendre des mesures préventives afin de limiter la propagation du virus. Le Dr Pierre M’PELE, épidémiologiste, est professeur associé de santé publique. Président du Groupe Africain de l’Académie Nationale de Médecine, France, il a co-ordonné le groupe africain de veille de l’Académie sur la Covid-19 et est Champion de la Santé de l’OMS 75. Il   nous édifie sur cette nouvelle alerte de santé publique à travers une série d’interviews dont voici la première.

EM – Quelle est la situation du mpox en Afrique ?

Dr Pierre M’PELE – Cette infection virale est présente dans la région d’Afrique centrale depuis plusieurs décennies (1970). Plusieurs pays de la sous-région d’Afrique centrale ont rapporté des cas et l’épicentre, semble être la République Démocratique du Congo avec un bilan au 13 août 2024 de plus de 15.664 cas potentiels et 548 décès depuis le début de l’année (96. % de tous cas et 97% des décès notifiés).A la suite de l’alerte lancée par le Centre de Contrôle des Maladies de l’Union Africaine (Africa CDC) et, conformément au Règlement Sanitaire international, l’OMS a reclassé cette pandémie comme une urgence de santé publique de portée internationale en date du 14 Août 2024.

EM – Pourquoi deux alertes en deux ans seulement ?

Dr Pierre M’PELE – En effet, en deux ans que l’OMS a déclenché le niveau d’alerte mondial le plus élevé à propos d’une même maladie, c’est une première dans l’histoire de l’autorité mondiale de la santé. On tire surement les leçons de la pandémie de la Covid-19 qui a récemment ébranlé le monde et on est plus vigilant. La première alerte avait été lancée en juillet 2022 et avait été levée en mai 2023.  En septembre 2022, 64 728 cas confirmés biologiquement avaient été déclarés dans 105 pays. La nouvelle alerte déclarée ce mois d’Août 2024 par le Comité d’urgence de l’OMS se justifie par la virulence et une transmission plus rapide du variant du virus actuel en dehors du continent africain.Pour cette seconde résurgence, la souche (2024) est déjà présente dans plusieurs pays d’Afrique (Kenya, Ouganda, Rwanda, Nigeria, Côte d’Ivoire, Burundi, Congo-Brazzaville, Libéria, Ghana, République Centrafricaine, Cameroun, Afrique du Sud) qui ont notifié des cas et deux cas hors du continent africain ont été décrit en Suède et au Pakistan.Il se confirme que ce nouveau variant est plus transmissible et plus virulent en Afrique, avec un taux moyen de létalité 3 à 5% pour les adultes et 10% chez les enfants (jusqu’à 62% chez les enfants de moins de 5 ans en République Démocratique du Congo en 2024), soit 10 fois plus de décès qu’avec la souche précédente.Cette évolution, bien que moins impressionnante comparée à la récente pandémie de la Covid-19 doit tout de même être une source d’inquiétude pour la part des autorités sanitaires nationales en Afrique en rapport avec la récente classification de cette épidémie par l’OMS comme urgence de santé publique. Les pays africains se doivent d’activer une riposte adaptée basée à la situation locale de chaque pays en toute sérénité et toute responsabilité avec des mesures de santé publique dans le respect des droits humains et de l’efficacité de l’action publique tirant les leçons de la réponse à la pandémie de la Covid-19.

EM – Existe-t-il un traitement efficace ?

 Dr Pierre M’PELE – Sans traitement spécifique efficace, les protocoles de diagnostic et de traitement (prise en charge symptomatique simple ou compliquée de l’infection) sont bien codifiés par l’Organisation Mondiale de la Santé. Dans ce contexte la vaccination apparait comme l’élément essentiel de la riposte à cette épidémie et l’OMS a, d’ores et déjà déclenché le processus d’autorisation d’urgence des deux vaccins recommandés contre le Mpox. 

EM – Comment se transmet le virus ? 

Dr Pierre M’PELE – Le virus monkey-pox « Mpox » peut se transmettre de l’animal à l’homme mais aussi d’un être humain à un autre. Le virus arrive à pénétrer dans l’organisme par une lésion de la peau, même invisible, les voies respiratoires ou par les muqueuses. La transmission entre humains peut intervenir « par contact direct » avec les lésions cutanées ou les muqueuses d’une personne malade et ou par les gouttelettes (salive, éternuements, postillons…). La transmission peut s’effectuer par « contact indirect » avec l’environnement du malade (literie, vêtements, vaisselle, linge de bain…). Si l’infection par le virus n’est pas considérée comme une Infection Sexuellement Transmissible, un contact direct avec une peau lésée durant un rapport sexuel facilite sa transmission.

Propos recueillis par Assiba Juliette

Assiba MITONHOUN

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