Santé/ Le monde en alerte pandémie : L’Afrique fait face aux défis du mpox

Santé/ Le monde en alerte pandémie : L’Afrique fait face aux défis du mpox

Dr Pierre M’PELE : « Il est possible de contrôler cette épidémie de mpox mais, il faut le faire sans attendre. ‘’L’action ! C’est maintenant » (…) »

L’épidémie de mpox représente une réelle menace de santé publique pour l’Afrique. En effet, l’augmentation alarmante des cas avec plus de 15000 infections et plus de 500 décès en République Démocratique du Congo depuis le début de cette année, ainsi que la propagation du virus dans plus de quinze (15) pays africains est préoccupante. Toutefois, grâce à une riposte précoce forte , l’Afrique, malgré l’urgence et l’importance de la menace, peut efficacement faire face à cette épidémie. Dans ce deuxième entretien, le Dr Pierre M’PELE conseille « des ripostes adaptées, vigoureuses, pensées en fonction des situations locales avec la participation des communautés » et appelle les gouvernants à rendre résilients les systèmes de santé en Afrique. Nous poursuivons notre entretien avec Dr Pierre M’PELE, Champion de la Santé de l’OMS ’75’ qui insiste : « (…) Il est possible de contrôler cette épidémie de mpox mais, il faut le faire sans attendre. ‘’L’action ! C’est maintenant  » (…) ».

Eclat Média (EM) – Le mpox est une maladie grave ?

Dr Pierre M’Pélé – J’ai dit dans notre précédent entretien que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait mis à la disposition des ministères de la santé des protocoles clairs pour la prise en charge symptomatique de l’infection à mpox et même des complications. Ces protocoles doivent être rapidement validés et adaptés au niveau des pays et largement diffusés auprès des agents de santé notamment du premier niveau du système de santé. Des formations sur sites garantiront l’efficacité de la prise en charge. Redisons-le, nous ne disposons pas encore de traitement efficace contre le mpox. Le vaccin existe mais faut-il encore qu’il soit disponible en tout lieu et en tout temps. Dans tous les cas, un dépistage précoce de la maladie est une stratégie efficace et complémentaire d’une bonne prise en charge dès les premières manifestations et c’est là que le rôle des professionnels de la santé et des agents de santé communautaire est indispensable tout comme une bonne information du public afin que tous participent à une meilleure prise en charge des cas. Une bonne prise en charge médicale permettra de contenir la mortalité (létalité) due à mpox à son faible niveau actuel ( de 3 à 5%) alors qu’elle se situe autour de 60% pour le virus Ebola par exemple.

EMLe mpox en Afrique est-elle une menace réelle de santé publique ?

Dr Pierre M’Pélé – Pour répondre à votre question, faisons le point de la situation actuelle. (1) L’organisation Mondiale de la santé a déclaré en date du 14 aout de cette année, le mpox une urgence de santé publique de portée internationale. (2) Près de quinze pays africains ont confirmé des cas de mpox. (3) La République Démocratique du Congo se confirme comme l’épicentre de cette épidémie avec des dizaines de milliers des cas de mpox avec un taux de mortalité (létalité) de 3 à 5% chez les adultes et de 10% en moyenne chez les enfants et largement au-dessus de 50% chez les enfants de moins de cinq ans. L’épidémie dans ce pays a atteint la capitale Kinshasa, une ville de plus de 15 millions d’habitants où la promiscuité et les conditions de vie, d’hygiène sont autant des risques de contamination massive dans cette mégapole et de propagation rapide dans la ville voisine de Brazzaville, les deux capitales les plus proches du monde juste séparées par le fleuve Congo. (4) Le nombre des cas de mpox est en nette augmentation dans plusieurs pays africains. Des faits qui précèdent, il n’est point d’être défaitiste ou complotiste que dire que cette épidémie représente une réelle menace de santé publique pour l’Afrique. La menace deviendra une réalité que si la riposte n’est pas à la hauteur de la situation qui se dégrade déjà dans certains pays.

EM – l’Afrique peut-elle riposter efficacement tirant les leçons de la pandémie de la Covid-19 ?

« N’ appliquons pas les trois signes de la sagesse »

Dr Pierre M’Pélé – Oui si nous mettons en place des ripostes adaptées, vigoureuses, pensées en fonction des situations locales avec la participation des communautés « le vaccin social », il est possible de contrôler cette épidémie mais, il faut le faire sans attendre ! « L’action c’est maintenant » en évitant des mesures de santé publique basées sur la peur, lutter contre la stigmatisation et une riposte basée sur l’évidence scientifique. La pandémie de la Covid-19 a révélé au grand jour, la très grande faiblesse des systèmes de santé en Afrique. Seuls quelques rares pays en Afrique sub-saharienne ont réussi à construire des systèmes de santé qui permettent de résister aux épidémies. Les gouvernements et leurs partenaires travaillent le plus souvent à colmater les trous (actions basées sur la maladie) sans une stratégie d’ensemble pour renforcer le système et le rendre résilient pour faire face aux épidémies, à l’impact du dérèglement climatique sur la santé et aux multiples défis de demain. Une épidémie, qui peut être maitrisée, prendra dans ce contexte des allures de catastrophe sanitaire qui désorganise économiquement, politiquement, socialement la vie des Nations. Le défi de l’Afrique, des Africains et de leurs leaders, pour la Couverture Sanitaire Universelle  » santé pour tous » réside dans un agenda de transformation du secteur de la santé et un investissement plus important pour la santé des jeunes qui représentent 70 à 80% des 1,3 milliards d’Africains. Malgré des progrès incontestables réalisés au cours des 20 dernières années dans le domaine de la santé, Il demeure inconcevable que l’Afrique qui compte 18% de la population mondiale ne rassemble que 2% du nombre total de médecins et moins de 1% de spécialistes en chirurgie pour 100.000 habitants alors que ce continent rassemble 25% de la morbidité mondiale et le tiers (30%) des conditions cliniques nécessitant des soins chirurgicaux, obstétricaux et anesthésiques. La santé est l’un des défis les plus importants pour l’Afrique que nous voulons en 2063.

Entretien réalisé par Assiba Juliette

Assiba MITONHOUN

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